Les Phéniciens, les lettres sacrées et le Tarot
Les passeurs de la Méditerranée
Les Phéniciens furent les héritiers d’une civilisation florissante, établie entre le XIIe siècle et 332 avant notre ère, sur le territoire correspondant à l’actuel Liban. Leur influence s’étendait jusqu’à l’Égypte, la Mésopotamie et la Grèce. Grande puissance maritime et commerciale, cette civilisation servit de pont entre l’Égypte ancienne et les cultures méditerranéennes qui lui succédèrent, telles que celles des Grecs et des Romains. Malgré son rôle essentiel dans la transmission du savoir et du commerce, la civilisation phénicienne tomba peu à peu dans l’oubli, parfois même diabolisée par les civilisations qui l’avaient héritée.
L’invention du premier alphabet
Afin de faciliter les échanges, les Phéniciens mirent au point, vers le XIe siècle avant notre ère, un alphabet inspiré des hiéroglyphes égyptiens, mais considérablement simplifié. Ce système d’écriture, redécouvert et déchiffré seulement au XVIIIe siècle, donna naissance à la plupart des alphabets modernes : araméen, arabe, hébreu, grec, latin, et même les runes nordiques du Futhark. « Du symbole au son, de l’image à la lettre : les Phéniciens inventèrent le langage du monde. »
Le sens caché du mot “alphabet”
Le mot alphabet lui-même témoigne de cet héritage : il provient des deux premières lettres grecques, Alpha et Bêta, mais aussi des deux premières lettres hébraïques, Aleph et Beith, symboles sacrés représentant le A et le B. Par ce simple mot se révèle un lien direct entre les runes phéniciennes et les lettres considérées comme « sacrées » dans les traditions ultérieures.
Mais quel rapport avec le Tarot ?
Pour le comprendre, il faut revenir aux origines symboliques du Tarot et à la raison profonde de sa création. À l’origine, le Tarot n’était pas un simple jeu divinatoire, mais une mise en images de l’enseignement de la Kabbale — une représentation figurée de l’Arbre de Vie, ou Arbre des Séphiroth, destinée à rendre cette sagesse accessible à tous.
Les vingt-deux lettres sacrées
Or, le Tarot comporte lui aussi vingt-deux arcanes majeurs, qui reflètent ces mêmes étapes initiatiques. Dans le Tarot de Marseille — et non dans les versions modernisées comme le Rider-Waite où la numérotation diffère —, ces arcanes illustrent le cheminement intérieur du Bateleur, figure du commencement, à travers une succession d’épreuves et de révélations symbolisées par chaque lame. « Du Bateleur au Monde, le Tarot figure l’ascension de la conscience à travers les vingt-deux lettres sacrées, tout comme l’alphabet phénicien portait autrefois le souffle du Verbe créateur. »
Le Tarot, miroir de l’Arbre de Vie
Or, le Tarot comporte lui aussi vingt-deux arcanes majeurs, qui reflètent ces mêmes étapes initiatiques. Dans le Tarot de Marseille — et non dans les versions modernisées comme le Rider-Waite où la numérotation diffère —, ces arcanes illustrent le cheminement intérieur du Bateleur, figure du commencement, à travers une succession d’épreuves et de révélations symbolisées par chaque lame. « Du Bateleur au Monde, le Tarot figure l’ascension de la conscience à travers les vingt-deux lettres sacrées, tout comme l’alphabet phénicien portait autrefois le souffle du Verbe créateur. »
Oswald Wirth et la filiation ésotérique
Cette lecture ésotérique et alchimique du Tarot fut approfondie notamment par Oswald Wirth, en 1926, qui fut le premier à établir explicitement le lien entre les lettres sacrées, les runes et les arcanes majeurs. De cette filiation discrète naît une vision unifiante : des rivages de Tyr et de Sidon jusqu’aux cartes du Tarot de Marseille, un même courant symbolique se déploie — celui de la Parole créatrice, transmise de signe en signe, de lettre en image, de l’alphabet au Tarot.
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